Savez-vous ce qu'est le CLUF ?
Nom bizarre s'il en est, le CLUF est la licence d'exploitation qu'accorde Microsoft à ses clients. Cette licence est tellement complexe qu'il a fallu l'expliquer dans un document séparé. Il s'agit d'un document de 33 pages tout en PDF encrypté, qui décrit ce que vous avez le droit de faire ou ne pas faire avec un logiciel Microsoft.
C'est un document fort intéressant qui vous fait vous poser de multiples questions lorsque vous le lisez, questions que nous résumons très vite en : Pouvez-vous encore le faire ?
Puis-je utiliser les composants web Frontpage pour réaliser un site web sur un sujet qui me tient à coeur ? De façon générale, on vous répondrait que, tant que vous restez dans la légalité en vigueur, vous faites un site web sur ce que vous voulez. Eh bien non, vous ne pouvez pas réaliser un site web qui expose Microsoft (et un certain nombre de marques associées) selon un jour autre que la vision politiquement correcte qu'a Microsoft d'elle-même. En d'autres termes, vous ne pouvez pas dénigrer Microsoft.
Pouvez-vous encore écrire un document sous Word que vous distribuerez lors de votre prochain meeting ? Oui bien sûr, mais gare ! Si vous insérez un des ces petits dessins qui font la force de ce traitement de texte, il vous faudra appliquer à votre document un Copyright en bonne et due. Je vois d'ici la tête de vos collègues à la vue d'une mention de droits d'auteur sur le dernier rapport annuel du service comptable.
Pouvez-vous encore développer une application avec les logiciels de développement de Microsoft et tous les éléments qui les composent ? Encore une fois, oui, à condition tout de même qu'elle ne concurrence pas une application de Microsoft itself - sait-on jamais - si vous faisiez mieux.
Pouvez-vous tester votre dernier serveur et comparer les résultats avec ceux d'autres systèmes d'exploitation ? Bien sûr, à condition toutefois ne pas en divulguer les résultats sans l'accord de Microsoft - on se demande pourquoi ils sont toujours premiers dans les bench.
Tout cela est d'autant plus inquiétant lorsqu'on lit dès le début de ce document que Microsoft se réserve les droits qu'il n'a pas expressément accordé dans ledit document. Celui-ci étant plutôt un inventaire d'interdictions que de droits, on se demande vite si la licence d'utilisation des logiciels ne se résumera pas un jour à avoir le droit de constater que l'on a une licence d'utilisation qu'on ne peut plus utiliser.
Tout ceci est bien entendu très sérieux, validé par des avocats très compétents. Ce document développe des chapitres entiers pour des cas très particuliers. Ce qui rend la lecture encore plus compliqué puisqu'il faut être sûr de ne rentrer dans aucun de ces cas ; ou, au contraire, il faudra vérifier que l'utilisation que l'on a du logiciel est bien en accord avec la politique de licence de Microsoft.
Alors il reste la solution du libre. Mais vous trouverez sans doute que la GPL fait bien pâle figure avec ses seulement 12 articles, dont aucun, d'ailleurs, ne parle de l'utilisation du logiciel en soi. La licence des BSD ou la licence de X sont d'une simplicité telle qu'on ne se pose plus la moindre question relative à la licence lorsqu'on les utilise.
Ce document qui définit les droits d'utilisation est accessible sur le site de Microsoft ici